jeudi 20 août 2015

Au revoir

Voilà, ma belle maison, c'est la dernière soirée et dernière nuit que je passe ici. Je regarde autour de moi, le salon est à moitié vide, des cartons et des poubelles traînent, et j'ai encore un stress énorme de tout ce qu'il me reste à faire avant que les petits arrivent.
Demain, j'emménage officiellement dans mon nouvel appartement, je quitte la vie commune, ma vie et celle de celui qui fut (et qui est encore aux yeux de la Loi et de Dieu très probablement) mon mari.

La première fois que je t'ai visitée, j'ai eu un coup de foudre pour toi. Ton jardin, tes carreaux de faïence, ta tranquillité au coeur du village... j'ai su que c'était toi.
Il en a fallu du temps pour que tu deviennes exactement comme on le voulait. Et en fait en y pensant bien, même avec deux ans de travaux, il nous resterait encore plein de choses à faire pour t'embellir. Peut-être qu'il le fera, lui.
J'ai eu ma grande baie vitrée sur le jardin, sur tout ce vert.
J'ai eu ma cuisine équipée dernier cri.
J'ai eu mon parquet qui craque un peu.
J'ai eu mes tabourets de bar.

Cette semaine, à chaque fois que je revenais de l'appartement et que je rentrais ici, j'ai pleuré.
Dur de dire au revoir à cette vie, à cette maison, la maison qui était supposée voir grandir nos enfants. Et nous voir vieillir. Un rêve de vie qui s'en va, et seulement une ébauche qui arrive.
Au fur et à mesure, je suis contente de voir se meubler le nouvel appartement. Mais...
Ici il y a toujours mon parquet.
Mon transat, dans le jardin dehors, pour fumer.
Ma petite terrasse sur ma chambre.
Ma douche à l'italienne.
Les chambres, avec les prénoms des enfants écrits sur les portes.

Je sais que tout ça n'est que matériel, mais... j'ai quand même un petit pincement au cœur de te laisser, tu sais.

Au revoir, ma belle maison. Tu m'as ouvert les bras, tu m'as accueillie en ton sein, tu as nourri mon rêve de famille. Tu resteras ma belle maison. Je ne t'oublierais pas.

dimanche 5 juillet 2015

Et puis vendredi

Se réveiller. Ou se faire réveiller par des petites voix, tôt.
Embrasser. Habiller. Donner le biberon. Jouer. Boire son thé.
Emmener à la crèche.
Visiter un appartement,
Faire des courses,
Travailler à la maison.
Aller travailler.
Sortir du travail, aller récupérer les enfants.
Baigner. Nourrir. Jouer. Chanter. Coucher.

Et puis vendredi...
Emmener les enfants à la crèche,
Monter en voiture.
Rouler. Parler. Ne surtout pas manger.
Arriver, se doucher. Attendre.
Attendre encore.
S'endormir.
Se réveiller, se rendormir.
Et encore dormir.
Ne pas manger, parce qu'on n'a pas faim. Dormir.
Se réveiller le lendemain matin.
Dévorer.
Changer les pansements.
Dire au revoir, à jamais, j'espère. C'était la dernière.
Rouler.
Arriver. Avoir chaud. Accueillir les enfants dans ses bras.
Se rendre compte qu'on est fatiguée. Qu'on a mal, en fait.
Craindre pour les pansements.
Gronder, crier. Menacer.
S'en vouloir. Expliquer.
Embrasser. Coucher.
Jouer, avoir chaud, avoir très chaud, s'énerver.
Gronder.
Faire baigner, faire manger, coucher.
Pleurer.
Dormir.

Se réveiller, embrasser.
Jouer, manger, coucher la petite.
Jouer.
Laisser partir les enfants avec leur mamie.
S'affaler dans le canapé, au frais.
Regarder la télé.
Se faire les ongles des pieds.
Souffler.
Ca fait du bien.



dimanche 28 juin 2015

Ca serait plus simple



Des fois, je me dis, si je n’avais que lui, ça serait plus simple.
Je n’aurais qu’un petit garçon de bientôt trois ans à gérer.
Il ne serait pas jaloux de l’attention que je porte à sa petite sœur.
J’aurais tout mon temps pour faire des activités avec lui, jouer, lui expliquer.
Je ne devrais pas attendre un réveil de sieste matinale pour aller me promener avec lui.
Je ne devrais pas me lever à six heures, avec elle, pour éviter qu’elle le réveille.
Je ne devrais pas courir sans cesse, faire attention à ses mouvements et aller la chercher alors qu’elle est déjà à la moitié de l’escalier.

Mais je n’aurais pas ces petits bras frais qui se glissent autour de mon cou en disant « maman ».
Je n’aurais pas ce sourire inimitable et ce petit rire qui me font fondre.
Je n’aurais pas ces danses dès que de la musique passe, mélange de grâce et de dandinement.
Je n’aurais pas cette impression bizarre d’être une et une seule avec ma petite fille, de tant reconnaître de choses dans ces yeux.

Alors si je n’avais qu’elle… ça serait plus facile.
Elle serait enchantée d’avoir toute mon attention, tout le temps.
Je pourrais patiemment lui expliquer pourquoi elle ne peut pas escalader la table.
Je ne devrais pas jouer aux pompiers cinquante fois par jour.
Je n’aurais pas à expliquer tout le temps pourquoi le ciel est bleu, pourquoi il faut aller à la crèche, qui est ce monsieur, pourquoi on achète du pain. Ni à répéter qu’il faut y aller, qu’il faut mettre les chaussures, qu’est-ce que je viens de dire, on doit y aller.

Mais je n’aurais pas ces grands yeux bleus concentrés.
Je n’aurais pas ces petites phrases sorties de nulle part qui me font tant rire.
Je n’aurais pas « Au clair de la lune » et « petit papa Noël » chantés vingt fois par jour.
Je n’aurais pas ce petit moment du coucher où je lui raconte sa journée et où je me rends compte de tout ce qu’on a vécu.
Je n’aurais pas ce moment  de grâce le matin où il se glisse entre mes draps parce que sa sœur l’a réveillé, et qu’on est que tous les deux, dans le silence du matin, à faire un câlin.

Et puis des fois je me dis, si je ne les avais pas, ça simplifierait beaucoup les choses.
J’aurais pu partir d’ici, m’installer à Paris, à Grenoble, tout refaire, sans penser moyens de garde, rythme d’enfer, nature environnante pour eux.
J’aurais pu partir loin de leur père, qui me met la pression avec eux. L’oublier plus facilement.

Mais je n’aurais pas cette fierté d’être devenue maman, d’avoir porté la vie deux fois et d’avoir magnifiquement accouché.
Je n’aurais pas ces moments de bonheur où je les vois se faire un câlin entre eux, ces éclats de rire quand on joue dans la piscine ou quand on danse tous les trois ensemble.
Je n’aurais pas ce cœur gonflé de joie quand je vais les regarder dormir.
Je n’aurais pas eu les mêmes moyens pour combattre ma maladie.

Alors je me dis : finalement, c’est celle-là, ma vie rêvée. Avec eux.

samedi 23 mai 2015

Le blues du samedi soir

J'en ai marre de répéter 40 fois les mêmes choses.
J'en ai marre d'expliquer en long, en large et en travers, des choses comme "pourquoi il pleut" ou "pourquoi il faut fermer le volet la nuit". Et j'en passe. Et ré-expliquer chaque jour la même chose, alors qu'il se souvient parfaitement de ce que j'ai dit la veille.
J'en ai marre de devoir avoir des yeux derrière la tête pour surveiller que la Petite, du haut de ses 13 mois, n'escalade pas (encore) la table, ne dérègle pas le lave-vaisselle ou ne mange pas des escargots dans le jardin. Et j'en ai aussi assez de devoir répéter "non" "non" "non" sans hurler, en expliquant, en devenant Maitre Patience pour qu'elle comprenne que ça sera TOUJOURS non.
J'en ai marre de me faire réveiller à 6h par un chouinement, puis définitivement à 7h, dans les bons jours. De devoir tout articuler autour d'eux, leurs bibis, puis si j'ai le temps mon petit déj. Qui sera constamment interrompu par Un qui veut jouer aux Legos ou Une qui veut lire "Où est caché Bébé Tigre". Et qui veut du pain. Mais sans purée d'amande dessus. Et puis sans pain, recracher c'est bien aussi. Et un bout de banane. Et être assise à table. Et redescendre. Et remonter. Et se cambrer en hurlant dès que j'émets la moindre objection. 13 mois, l'âge susceptible.
J'en ai marre de changer 10 000 couches par jour et que mon fils ne soit pas propre. Bordel, deux ans et demi, j'en ai marre aussi de toujours être hyper motivée à lui proposer le pot, "youpilavie, c'est trop bien de faire popo !". Laissez-moi tranquille, quoi.
J'en ai marre de devoir réfléchir à quelle purée leur faire le soir, quels légumes faire, où les acheter, les accommoder pour que les deux en mangent. Cuisiner. Des légumes.
J'en ai assez de lutter pour monter prendre le bain, se déshabiller, se laver, s'asseoir dans le bain, sortir du bain, laisser tranquille son frère/sa sœur pendant que je m'occupe de l'autre.
J'en ai marre que mon fils veuille que je l'aide à manger, alors que même sa sœur commence à manger toute seule. Régression, tout ça, ça me soule. 
Et le soir, j'en ai marre de devoir motiver les troupes à monter, brosser les dents, changer les couches pour la énième fois en restant calme et en respectant les besoins de chacun. Marre de me prendre des coups de pied par la Petite, marre de devoir courir derrière le Grand qui n'a jamais envie qu'on lui change la couche (mais tu pouvais faire sur le pot, bordel !! tu as deux ans et demi !!).
Marre de manger n'importe quoi, les restes, parce qu'une fois couchés je n'ai plus d'énergie pour faire quoi que ce soit à part un truc rapide à manger et Plus Belle la Vie. Et le lendemain, ça recommence.

Je les aime plus que tout. Ils sont toute ma vie. C'est à la fois hyper positif et hyper prenant : ils sont toute ma vie. Je ne fais rien d'autre que m'occuper d'eux. Tout ce que je veux faire, je dois prévoir en fonction de leurs heures de garde à la crèche, de qui peut les garder, ou si je peux les emmener. Tout est articulé autour d'eux. Pas de place à l'impro : leurs besoins passent en premier.
C'était déjà très tourné famille quand leur père était encore là. Ca l'est encore plus depuis que je suis seule avec eux. On a trouvé notre rythme, ça roule, tous les trois, mais des fois, j'aurais juste envie de sortir manger des tapas avec les copains sans que ça soit une galère au niveau logistique.
Envie de trouver un travail qui me plaise, sans me contraindre au niveau des horaires, parce que j'ai aussi envie de les voir grandir.
Envie de partir, une semaine, un mois, sans me soucier d'eux, de comment ils vont, ce qu'ils font, si tout va bien.

Pas facile d'être mère. Encore moins simple d'être maman solo.

mardi 24 mars 2015

Portrait #2 - Laura

J'ai rencontré Laura dans le wagon-bar du TGV qui m'emmenait à Paris, fin janvier.
Le wagon était bondé, je faisais la queue en réfléchissant distraitement à ce que j'allais manger, et en lisant un roman sur ma tablette. Laura était derrière moi, nous nous adressions de temps en temps des sourires polis, sans plus.
Au moment de passer commande, je sors ma carte bleue, et la vendeuse, déconfite, me dit : "j'espère que vous avez un autre moyen de paiement, le terminal CB vient de nous lâcher". Alors que je commence à réaliser que je ne mangerai pas avant deux bonnes heures, parce que non, je n'ai pas d'autre moyen de paiement, Laura, que donc je ne connaissais pas encore, a dit : "je peux payer pour vous si vous voulez ?"
Stupéfaction générale. Moi, ravie (j'avais faim) et gênée, qui bredouille un "non, enfin oui, mais non...", elle qui agite son billet en disant "c'est bon, je vous invite", les gens dans la file qui sourient et disent "ah là là ! ça aurait dû tomber sur moi !" et la vendeuse, soulagée, qui remercie Laura.
Nous nous sommes donc installées à côté, à mon initiative, et j'ai insisté pour prendre son adresse et lui envoyer un chèque.
Commence alors une discussion d'une demi-heure à bâtons rompus.
Laura tient un magasin dans un petit village du bord de mer, à côté de Montpellier. Elle travaille surtout l'été, et allait à Paris pour voir un salon professionnel. Elle râle quand je lui dis qu'ils annoncent de la neige à Paris, elle n'a rien prévu de chaud. Elle a l'âge de ma mère, ça me fait un pincement au cœur quand je le réalise. Elles ont le même âge, mais ma mère est au fond d'un lit d'hôpital.
Cette dame a une devise que j'adore : "il faut toujours faire confiance aux gens, ça finit toujours par payer". Elle me confie que régulièrement elle laisse les gens partir de sa boutique sans payer, en leur disant qu'ils n'ont qu'à revenir régler plus tard. Ce qu'ils font à chaque fois.
Nous parlons de beaucoup de choses pendant ces trente minutes, je ne sais pas comment j'arrive à lui parler de ma maladie (et je me rends compte qu'en fait, j'ai besoin d'en parler), elle aime ma vision des choses, nous parlons beaucoup de voyages, ceux qu'elle a fait, ceux que j'ai fait, ceux qu'il nous reste à vivre. Elle me conseille un livre, écrit par un Finlandais, dont j'ai évidemment oublié le titre.
Et puis à un moment donné, les sandwiches sont terminés, les Badoit aussi, nous sentons que c'est l'heure de se séparer. Nous nous serrons la main, nous nous faisons une bise, "enchantée de vous avoir rencontrée".
Je lui envoie un chèque la semaine d'après, et j'ai reçu par la suite une carte postale d'elle, pour me remercier, et me dire que c'était aussi pour elle une belle rencontre. Elle est toujours sur mon bureau.

dimanche 22 mars 2015

Portrait #1 - Liliane



Liliane est esthéticienne sur le boulevard Saint-Germain, à Paris. Elle doit avoir dans les 65 ou 70 ans. La première chose qu’elle me dit lorsque je pénètre dans son institut, est qu’elle ne fait pas de pose de vernis, normalement. Pourtant, au téléphone, un monsieur (qui est son mari) m’a dit qu’elle le faisait, et que ça n’était pas très cher, je pouvais être rassurée. Oui, mais elle n’en fait plus. Devant ma mine atterrée (ou angoissée), elle me dit « bon, on va voir ce qu’on peut faire, montez ». Pour l’amadouer, je lui explique que je suis de passage à Paris, que j’ai une soirée importante pour le travail le soir même, et que j’aimerais être soignée jusqu’aux bouts des ongles. Elle sent que c’est essentiel pour moi, et elle décide de me faire cette fameuse pose de vernis.
En voyant l’état de mes ongles, de mes mains, elle est surprise. Je devance ses questions et lui raconte que la chimiothérapie m’a beaucoup abîmé cette partie-là de mon corps, que jusqu’à un mois auparavant j’avais les ongles très fragiles, et qu’à présent il me reste « seulement » des crevasses, qui se réveillent quand le vent souffle à Perpignan. Elle me conseille très gentiment de mettre mes doigts très régulièrement dans de l’huile d’olive tiède, « pas chaude, tiède, vous comprenez ? ». Là où d’autres m’ont conseillé des crèmes faramineuses.
Dès le début j’ai une sensation étrange avec elle. Liliane a les mêmes mains que ma grand-mère, veloutées, avec la pulpe toute douce. Elle a aussi le même sourire, j’ai l’impression d’être en face de Nanou, dix ans en arrière. Je lui fais entièrement confiance.
Elle me confie qu’elle a eu un accident deux ans auparavant, « un truc tout bête, je me suis coincée le pied dans un trou dans la rue, et je me suis cassé le col du fémur ». Après deux ans d’inactivité, de rééducation, elle a repris le travail à mi-temps. Ses clientes l’ont attendue, à son grand étonnement, et surtout à sa grande fierté.
Car Liliane fait surtout des soins, du corps et du visage, et on sent que derrière ces banals soins se cache un monde de douceur et de bien-être. Elle le fait pour ses clientes, dans un but presque thérapeutique.
A la fin de ma pose de vernis, je la quitte à regret, et lui promets de venir me faire faire un soin du visage la prochaine fois que je viens sur Paris.
J’ai payé 10 euros. Pour une demi-heure très douce, hors du temps, où elle a fait plus que simplement poser du vernis.

vendredi 27 février 2015

J'ai souri

Tout à l'heure, j'étais en train de courir dans la rue. Un petit trajet, le parking derrière la maison, mais j'ai quand même laissé mes bébés seuls dans la maison pendant deux bonnes minutes. Deux minutes de stress pour moi, c'est la première fois que je le fais. On rentre de chez mon frère, je les décharge de la voiture, je les couche l'un après l'autre, ils dorment déjà à moitié, et puis je ferme la porte, je vais garer la voiture, et je rentre vite vite à la maison. Et en courant, j'ai souri.

J'ai souri parce qu'il y a quelques semaines, après mon opération du sein, je ne pensais pas retrouver aussi vite cette mobilité, cette énergie. Parce que j'ai senti mon nouveau-faux-sein bouger pendant que je courais.
J'ai souri parce que je me suis rendu compte que je m'en sortais quand même hyper bien toute seule. Parce que quand je suis allée lever mon fils chez mon frère, il s'est cramponné à moi. Parce que je suis leur roc. Et qu'il y a quelques mois, je pensais ne plus jamais avoir ce rôle auprès d'eux. Je pensais que je serai la personne pas fiable, la personne malade dont on ne sait pas si elle va mourir ou non. Je me mettais en retrait. J'avais de la peine à imaginer leurs rentrées scolaires, les premiers pas de ma fille. Et aujourd'hui par la force des choses je me retrouve à être seule à m'occuper d'eux, et putain, je gère super bien.
Je gère bien les colères, les frustrations, le speed. J'ai un peu de mal avec leur réveil très matinal, mais une fois qu'ils sont dans mon lit et qu'on fait des câlins en regardant Tchoupi, bah ça va. Je gère suuuper bien les câlins, c'est ma partie préférée en fait.

Ça n'est pas facile, je rêve de pouvoir souffler, d'avoir un weekend rien que pour moi où toutes les emmerdes ne seraient que des mauvais rêves.
Où le cancer du poumon et du cerveau de ma mère ne seraient pas réels, et où elle serait encore là tous les jours pour pouvoir m'épauler, et pas à l’hôpital depuis un mois à galérer pour se remettre de son opération.
Où mon mari ne ferait pas une dépression et ne me mettrait pas toute la responsabilité sur le dos. Et où il serait solide, normal, souriant, drôle, comme avant, quoi. Pas instable et décidé à me faire payer cette année où j'ai dû mettre notre couple en parenthèses pour me sauver.
Où mon cancer du sein ne serait vraiment qu'un cauchemar aussitôt évanoui, et pas une réalité que je peux encore toucher du doigt. Même si je suis "guérie", j'ai encore une opération assez lourde qui m'attend : mastectomie avec reconstruction immédiate du sein droit, en prévention. Et puis après, quoi ?

Donc bon, j'étais là, en train de courir, et tout d'un coup c'est comme si tous mes soucis s'étaient envolés. Et je me suis dit, t'es ptêtre encore malade et entourée d'emmerdes, mais en attendant tu cours, tu es là, pleine de vie, prête à bondir, et les deux petits corps tout chauds qui se sont serrés contre toi quand tu es montée les coucher, ils sont remplis d'amour. Et juste pour ça, tout le reste vaut le coup.